quarta-feira, 27 de outubro de 2010

La Ballade du Désespéré

Qui frappe à ma porte à cette heure?
- Ouvre, c'est moi. - Quel est ton nom?
On n'entre pas dans ma demeure
A minuit ainsi, sans façon.

- Ouvre. - Ton nom ? - La neige tombe,
Ouvre. - Ton nom? -Vite, ouvre-moi!
- Quel est ton nom ? - Ah ! dans sa tombe
Un cadavre n'a pas plus froid.

J'ai marché toute la journée
De l'ouest à l'est, du sud au nord.
A l'angle de ta cheminée
Laisse-moi m'asseoir. - Pas encor!

Quel est ton nom? - Je suis la gloire,
Je mène à l'immortalité.
- Passe, fantôme dérisoire !
- Donne-moi l'hospitalité.

Je suis l'amour et la jeunesse,
Ces deux belles moitiés de Dieu.
-Passe ton chemin : ma maîtresse
Depuis longtemps m'a dit adieu.

- Je suis l'art et la poésie:
On me proscrit. Vite, ouvre. - Non.
Je ne sais plus chanter ma mie,
Je ne sais même plus son nom.

- Ouvre-moi ! je suis la richesse,
Et j'ai de l'or, de l'or toujours.
Je puis te rendre ta maîtresse.
- Peux-tu me rendre nos amours?

- Ouvre-moi : je suis la puissance,
J'ai la pourpre. - Vœux superflus !
Peux-tu me rendre l'existence
De ceux qui ne reviendront plus?

-Si tu ne veux ouvrir ta porte
Qu'au voyageur qui dit son nom,
Je suis la mort : ouvre, j'apporte
Pour tous les maux la guérison.

Tu peux entendre à ma ceinture
Sonner les clés des noirs caveaux ;
J'abriterai ta sépulture
De l'insulte des animaux.

--Entre chez moi, maigre étrangère,
Et pardonne à ma pauvreté.
C'est le foyer de la misère
Qui t'offre l'hospitalité.

Entre : je suis las de la vie,
Qui pour moi n'a plus d'avenir.
J'avais depuis longtemps l'envie,
Non le courage de mourir.

Entre sous mon toit, bois et mange,
Dors, et quand tu t'éveilleras,
Pour payer ton écot, cher ange,
Dans tes bras tu m'emporteras.

Je t'attendais ; je veux te suivre.
Où tu m'emmèneras, j'irai ;
Mais laisse mon pauvre chien vivre,
Pour que je puisse être pleuré!

(Tradução)

- Quem bate à porta a tais horas?
- Abre, sou eu. Quem tu és?
Não se entra na minha casa
Tão tarde assim, bem o vês.

- Abre. - Teu nome? - Há geada,
Abre. Teu nome? - És tardio!
Qual é teu nome? - Ai, na cova
Um morto não tem mais frio.

Eu caminhei todo o dia
Do sul ao setentrião,
Ao pé da tua lareira
Quero sentar-me - Inda não!

Diz teu nome... - Eu sou a glória
E aspiro à posteridade...
- Passa fantasma irrisório...
- Ó dá-me hospitalidade!

Eu sou o amor e a esperança
As duas porções de Deus...
- Segue a estrada... A minha amante
Há muito me disse adeus!

- Eu sou a arte e a poesia,
Proscreveram-me... Abre! - Não!
Já não canto minha amante.
Nem sei que nome lhe dão!...

- Abre, que eu sou a riqueza,
E trago do ouro o fulgor,
- Posso dar-te a tua amante...
- Podes dar-me o seu amor?

- Sou o poder, tenho a púrpura.
Abre a porta! -- Anelo vão!
Podes trazer-me a existência
Daqueles que já não sâo?!

- Se tu não abres teus lares
Senão a quem diz seu nome
Sou a morte! trago alívio
P'ra cada dor que consome!

Podes ver, trago na cinta
Ruidosas chaves fatais...
Abrigarei teu sepulcro
Do insulto dos animais.

- Entra, estrangeira funérea...
Perdoa à mendicidade,
Porque é no lar da miséria
Que tens hospitalidade.

Entra; cansei-me da vida
Que nada tem que me dar...
Há muito eu tinha desejos
(Não força) de me matar!

Entra no lar, bebe e come,
Dorme, e quando despertares,
Para pagar tua conta
Hás de levar-me aos teus lares.

Eu te esperava, eu te sigo...
Vamos... arrasta-me... assim...
Mas deixa o meu cão na terra
P'ra eu ter quem chore por mim!
*Henry Murger
**Tradução Castro Alves

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